L’Office Mondial du Tourisme fanfaronne : le milliard de touristes a été dépassé en 2012. Faut-il applaudir cet exploit et espérer que le cap des deux milliards soit prochainement atteint ? Que signifie qu’un Terrien sur quatre soit à un moment de l’année un touriste ? Une plus grande tolérance envers autrui ? Une ouverture d’esprit marquée par une curiosité sans limite et une disponibilité accrue envers ce qui nous est étranger ? Le tourisme n’est pas neutre. Il génère une économie qui ne profite qu’inégalement aux divers intermédiaires et il est faux d’affirmer qu’un site touristique enrichit ses habitants. Il voisine fréquemment avec une sexualité tarifé au lieu de déployer, de façon hédoniste, les trois “S” (Sea, Sex and Sun). La multiplication des équipements standardisés (aérogares, hôtels, musées, fronts de mer et de fleuve, quartiers « historiques », etc.) et des coûteux « événements » (Jeux Olympiques, Expositions universelles, etc.) homogénéisent les sites, leurs temporalités et leurs spectacles. Le pic pétrolier et le dérèglement climatique appellent à une plus grande responsabilité envers le pourquoi et le comment des mobilités. Faut-il, là aussi, décroître ? Il convient, à coup sûr, de rompre avec le tourisme massifié et de privilégier le voyage et ses adaptations progressives aux cultures que l’on découvre, plus lent, plus économe. L’être humain est relationnel, il serait aberrant de lui interdire de voyager ! Mais, compte tenu des nouvelles contraintes environnementales, il devient indispensable de repenser le proche et le lointain, ces deux aimants de toute boussole existentielle.
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