Stany Cambot pour Echelle Inconnue
VILLES NOMADES
Histoires clandestines de la modernité
Postface à la Ville Nomade de Cosimo Lisi
Rayon: Arts, Architecture, Urbanisme, Activisme
ISBN: 979-10-93250-11-3
192 pages
Prix: 17,50 euros
Parution: Fevrier 2016
À l’heure des crises immobilières, du redécoupage du territoire par la pensée métropolitaine, nombreux sont-ceux poussés à subir, inventer ou pratiquer des urbanités mobiles et provisoires ; en voici les légendes des deux côtés de l’Europe.
L’ouvrage: Une double injonction est aujourd’hui faite aux villes et aux individus : les premières doivent devenir métropoles et les seconds mobiles. Ainsi, au programme de métropolisation du monde, répond une mobilité par lui souhaitée. Une mobilité de cadre métropolitain avec ses oripeaux (téléphones, ordinateurs, etc.) se déplaçant de « cité état » en « cité état » en avion ou train à grande vitesse. Les agents de la fabrique de la ville raccrochent alors le train, architectes en têtes, de peur de rater ce tournant comme ils ratèrent celui du développement pavillonnaire. On se pique désormais de mobile, de léger, de « logement une personne » ou de design de bidonville dans l’espoir qu’un marché émerge. Rien de subversif, mais l’aboutissement d’un programme économique et urbain qui se dessine dès le milieu du XIXe siècle dont le nouveau masque s’appelle métropole. Cependant et sans eux, depuis le nouveau millénaire, des tentes partout : des rassemblements militants ayant quitter la rue pour porter le coup là où, désormais, le pouvoir a Lieu, aux tristes révolutions oranges, en passant par les tentes contestataires ou nécessaires des sans-abris. Des camions, des caravanes, des containers aussi, abris ou logement de la renaissance d’un prolétariat nomade disparu dans les années 20. Des cabanes reconstituant, aux abords des métropoles rêvées, les bidonvilles que l’on croyait disparus. La fabrique même de la métropole génère ainsi une toute autre mobilité. On le voit ici comme à Moscou avec ces brigades d’ouvriers (pour utiliser la dénomination russe) venant de l’autre bout du pays ou du continent que l’on trouve en hôtel low cost, en camping, en caravane ou camion au pied du chantier, en lisière de métropole, au bord de la tache verte de la carte. C’est là, que ces mobilités de constructeurs croisent les espaces d’une autre mobilité, celle de la fuite. Celle de ceux que le programme urbain expulse que l’on retrouvent en camping, camion, campement, containers ou celle de ceux qui fuient la métropole l’entendant comme la construction d’un espace de contrôle (travellers, certains voyageurs, habitants de yourtes ou de cabane).
L’auteur: Fondé en 1998 et emmené par l’architecte Stany Cambot, Echelle Inconnue n’est pas un collectif mais un groupe, comme un groupe de rock, qui voudrait être à l’architecture ce qu’Elvis Presley fut à Tino Rossi. Groupe indiscipliné de recherche et création, autour des notions d’invisibles des villes et de leurs représentations, il se consacre aux urbanités minoritaires, alternatives ou émergentes ainsi qu’aux populations non prises en compte ou discriminées en raison d’un mode de vie minoritaire. Il tente d’être un acteur de l’émergence d’une connaissance « par le bas » mettant en place des travaux et expériences artistiques autour de la ville et du territoire. Ces expériences au long cours interrogent et associent les « exclus du plan » (sans-abris, Tziganes, immigrés…). Elles donnent lieu à des interventions dans l’espace public, expositions, sites Internet, vidéos, affiches, cartes, publica- tions… Ce dont il est ici question, c’est de « l’invisible de nos villes »..
Le public: tous ceux qui sont sensibles aux nouvelles formes d’activisme urbain et d’écologie politique ainsi qu’aux transformations sociales.
Un extrait : Des imaginaires sont à l’œuvre qui constituent ce que l’on pourrait nommer une « culture dominante ». Une série de représentations, si ce n’est inconscientes du moins impensées, structurent le rapport social comme politique aux formes « autres » de la ville et notoirement les formes mobiles, nomades et foraines. Structuration, impensé, autant dire avec Barthes idéologie, forme synthétique ou ritournelle attendant son devenir, mythe qui veut résumer la complexité d’un monde et le façonner à son image. Mais bien qu’impensées, ces représentations n’en sont pas moins construites et se recomposent à l’envie pour ceindre et justifier l’incohérence des mouvements économiques, policiers, juridiques ou sociaux. Pas plus assujetties à ces mouvements qu’elles ne les asservissent, elles publicisent, dialoguent et participent de la chose politique et urbaine.
Ainsi, la nouvelle campagne de communication du groupe Accor pour ses hôtels Pullman intitulée « Les nouveaux nomades » pourrait résumer la double injonction faite aujourd’hui aux villes et aux individus : les premières doivent devenir métropoles et les seconds mobiles. Pour Pullman, le nouveau nomade, est « la nouvelle génération de voyageurs et d’entrepreneurs. Des explorateurs hyper connectés et sophistiqués, qui inventent tous les jours de nouvelles façons de faire des affaires dans le monde entier. Le monde est leur terrain de jeux… » Ainsi, au programme de métropolisation du monde, répond une mobilité par lui souhaitée. Une mobilité de cadres métropolitains avec leurs oripeaux (téléphones, ordinateurs, etc.) se déplaçant de « cité-État » en « cité-État » en avion ou train à grande vitesse. Pullman met à leur service « plus de 80 hôtels idéalement situés à proximité de destinations touristiques et de quartiers d’affaires de premier plan. Des hôtels installés dans plusieurs des villes les plus palpitantes du monde. » Les agents de la fabrique, architectes en tête, de la ville raccrochent alors le train de peur de rater ce tournant comme ils ratèrent celui du développement pavillonnaire. On se pique désormais de mobile, de léger, de « logement une personne » ou de design de cabane dans l’espoir qu’un marché émerge. Rien de subversif ici mais l’aboutissement d’un programme économique et urbain qui se dessine dès le milieu du XIXe siècle et dont la métropole n’est que le nouveau masque.
Cependant et sans architectes (qui ?), depuis le nouveau millénaire, des tentes partout : des rassemblements militants ayant quitté la rue pour porter le coup là où, désormais, le pouvoir a lieu, aux tristes révolutions oranges, en passant par les tentes contestataires ou nécessaires des sans-abris. Des camions, des caravanes, des containers aussi, abris ou logements de la renaissance d’un prolétariat no-made disparu dans les années 1920. Des cabanes reconstituant, aux abords des métropoles rêvées, les bidonvilles que l’on croyait disparues. La fabrique même de la métropole génère ainsi une toute autre mobilité. On le voit ici comme à Moscou avec ces brigades d’ouvriers (pour utiliser la dénomination russe) venant de l’autre bout du pays ou du continent que l’on trouve en hôtel low cost, en camping, en caravane ou camion au pied du chantier, en lisière de métropole, au bord de la tache verte de la carte. C’est là que ces mobilités de constructeurs du projet métropolitain croisent les espaces d’une autre mobilité, celle de la fuite. La mobilité de ceux que le programme urbain expulse, que l’on retrouve en camping, camion, campement, container, ou celle de ceux qui fuient la métropole l’entendant comme la construction d’un espace de contrôle (travellers, certains voyageurs, habitants de yourtes ou de cabanes). Un peuple sur roues qui vient grossir les rangs de ceux des tziganes, forains et autres roulottiers.
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