Friedrich Nietzsche
LA TÉLÉOLOGIE À PARTIR DE KANT
Préface de Jean-Luc Nancy
Rayon: Philosophie
ISBN: 979-10-93250-17-5
Parution: 28 mars 2017
L’ouvrage : Ce volume réunit, pour la première fois en français, l’intégralité des travaux préparatoires de Friedrich Nietzsche, alors âgé de 24 ans, pour une thèse de doctorat intitulée Le concept de l’organique depuis Kant. À l’époque où il envisageait cette thèse, en 1868, Nietzsche achevait sa formation universitaire à Leipzig et était déjà reconnu comme un spécialiste de la philologie classique. L’interruption de ses recherches au profit du service militaire obligatoire, son éloignement consécutif du milieu des philologues et, non des moindres, les premières manifestations de la maladie, firent rejaillir avec force sa vocation pour la pensée philosophique, concrétisée en ces pages pour la toute première fois. Nous y découvrons une réflexion différente, moins connue que les thèmes les plus discutés, où Nietzsche fait non seulement preuve de sensibilité à l’égard de la tradition philosophique, mais s’intéresse aussi au débat scientifique de son temps. Imprégnés de ce dernier, les écrits que nous publions aujourd’hui laissent transparaître une vision profondément matérialiste : l’organisme est une « pluralité » de « forces aveugles » qui combattent entre elles. Confirmées plus tard par ses lectures sur les mécaniques du développement – désormais appelées « embryologie expérimentale » –, ces thèses s’étendront au domaine de l’inorganique et fourniront la base du célèbre concept de « volonté de puissance ». Cet ouvrage s’avère indispensable à tous ceux qui souhaitent approfondir la pensée de l’un des philosophes les plus commentés du monde moderne, et essentiel pour sa capacité à remettre en question des positions encore largement débattues.
L’auteur : Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philologue, philosophe et poète allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Allemagne.
L’oeuvre de Nietzsche est essentiellement une critique de la culture occidentale moderne et de l’ensemble de ses valeurs morales (issues de la dévaluation chrétienne du monde), politiques (la démocratie, l’égalitarisme), philosophiques (le platonisme , mais surtout le socratisme, et toutes les formes de dualisme métaphysique) et religieuses (le christianisme et le bouddhisme). Cette critique procède d’un projet de dévaluer ces valeurs et d’en instituer de nouvelles dépassant le ressentiment et la volonté de néant qui ont dominé l’histoire de l’Europe sous l’influence du christianisme ; ceci notamment par l’affirmation d’un Éternel Retour du même et par le dépassement de l’humanité et l’avènement du surhomme. L’exposé de ses idées prend dans l’ensemble une forme aphoristique ou poétique.
Professeur de philologie à l’université de Bâle dès l’âge de 24 ans, il obtient un congé en 1879 pour raison de santé. Les dix années suivantes, il publie à un rythme rapide ses oeuvres majeures.
Le public : tous ceux qui sont sensibles à la pensée critique, à la philosophie et à la réflexion sur la modernité.
Un extrait de LA TÉLÉOLOGIE À PARTIR DE KANT de Friedrich Nietzsche: Kant cherche à prouver qu’il existerait une nécessité de nous représenter les corps naturels comme étant prémédités, c’est-à-dire selon des concepts de but. Tout ce que je peux en dire, c’est qu’il s’agit là d’une manière de s’expliquer la téléologie.
L’analogie avec l’expérience humaine pose en regard l’origine accidentelle, c’est-à-dire non méditée, de la conformité à une fin pour ce qui est, par exemple, de la rencontre heureuse entre le talent et le destin, des loteries, entre autres choses. [?]
Donc : dans l’infinité des cas réels, on trouve forcément des cas opportuns et conformes à une fin.
La nécessité dont parle Kant existe à peine pour notre temps : on pense que même Voltaire tiendrait l’argument téléologique pour insurmontable.
Un extrait de la préface de Jean-Luc Nancy: Cet intitulé voudrait d’abord, bien sûr, n’être pas un titre. Il serait un simple index, l’index qui pointerait, dans la nomenclature des écrits de Nietzsche, une rubrique : le projet de thèse de 1868 sur la téléologie. Et il ne s’agit en effet de rien d’autre, dans cet exposé, que de pointer cet écrit de Nietzsche (qu’on ne saurait appeler un texte), de le remarquer un instant, à sa place mineure, presque insignifiante, dans la série des écrits — et d’observer quelques effets de ce geste. On ne peut donc se donner ici qu’un propos très limité — et même, il faut le savoir, un propos que guette le danger nihiliste ou philologique de verser dans l’entreprise pieuse ou antiquaire. Son seul intérêt réside peut-être d’ailleurs dans ce risque à prendre, s’il permet de montrer qu’à propos de Nietzsche, au moins, il n’est finalement pas possible d’être pieux ou antiquaire. Dans cet écrit de 68, en effet, nous ne trouverons ni à nous attendrir sur les prémices d’une pensée, ni à mesurer, inversement, une simple différence des textes ultérieurs. Il devra s’agir d’autre chose.
Un extrait de la postface de Luca Guerreschi: Le titre Die Teleologie seit Kant désigne un ensemble de notes, datées de 1868, que Friedrich Nietzsche, alors âgé de vingt-quatre ans, rédigea en préparation d’une thèse de doctorat qu’il laissera inachevée. Dès l’année suivante, bien que dépourvu du titre de docteur, l’enfant prodige de la philologie classique qu’il était se vit confier une chaire à l’université de Basilea. Les quelques informations qui suivent permettent de relever un contraste, et de souligner d’emblée le relief du texte qui est publié ici : ces pages donnent à voir la première confrontation écrite de Nietzsche, alors plongé dans des études tout à fait différentes, avec un problème fondamental de la philosophie. Heureusement toutefois, l’importance de La Téléologie à partir de Kant n’est pas uniquement de type muséale. Un anti-téléologisme prononcé sera une constante de toute la pensée nietzschéenne, à de très rares revirements près. Remonter à la source de celui-ci permet de voir sous un nouveau jour quelques traits saillants d’une des réflexions philosophiques les plus discutées de la modernité. Si l’on ajoute à cela que téléologie et finalité constituent des concepts qui sont, encore aujourd’hui, au centre des débats aussi bien en biologie qu’en psychologie ou dans les sciences cognitives, alors l’intérêt de revenir sur ces fragments et de les rendre disponibles en langue française apparaît évident.
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